La bibliothèque a toujours conservé et transmis le savoir de génération en génération: aujourd'hui, si nous lisons les auteurs du passé, c'est aussi en tant qu'ils ont été «canonisés» par les bibliothèques, qui ont fini par jouer le rôle d'organismes de sélection qualitative et d'agencement des savoirs.
Traditionnellement la bibliothèque s'est qualifiée surtout pour la richesse de ses collections, c'est à dire de sa «propriété». La révolution de Gutenberg a permis, grâce à la multiplication des exemplaires, la multiplication et l'expansion des bibliothèques; la nouvelle révolution que constitue la reproduction du savoir sous forme électronique semble conduire à un appauvrissement des collections des bibliothèques.
Une autre préoccupation concerne la conservation des matériels sous forme électronique : si les problèmes de conservation des imprimés sont nombreux, ceux des documents numériques le sont sans doute tout autant, voire davantage. En effet la conservation des publications électroniques implique aussi la garantie de l'accès futur à des documents qui sont sans doute plutôt moins stables que les livres imprimés.
Pourtant la nouvelle bibliothèque électronique offre des possibilités d'accès infiniment plus grandes que n'importe quelle bibliothèque traditionelle, même la plus riche. On voit de jour en jour se multiplier les initiatives qui rendent disponibles à un public virtuellement infini aussi bien les documents primaires que secondaires : à côté des oeuvres critiques on retrouve des collections de textes, ou des périodiques qui parfois ne sont plus disponibles dans la version imprimée.
De plus, les collections mêmes des bibliothèques deviennent elles-mêmes de plus en plus accessibles aux usagers au fur et à mesure que chaque bibliothèque devient un noeud dans un réseau qui s'étend.
L'offre de publications électroniques est désormais très grande dans tous les domaines du savoir. Toutefois l'organisation et la sélection du savoir, qui caractérisent les bibliothèques «physiques», y sont tout à fait insuffisantes. En effet l'une des caractéristiques de la bibliothèque virtuelle, ou électronique, qui se développe sur le réseau Internet est précisément l'accumulation sans discrimination des ressources. C'est pourquoi le bibliothécaire doit évoluer en même temps que la bibliothèque. Dans un avenir proche, mais aujourd'hui déjà, on aura besoin de différents savoir-faire : le bibliothécaire, gestionnaire et conservateur de collections de livres, devra se faire gestionnaire et organisateur de l'information électronique.